Sunday 17 January 2010

Laputa Castle.

 
Je suis rentrée. Mais pas trop tard, pas si tard. Je suis restée plantée cinq longues minutes, dans les graviers, à chercher des constellations que je ne connais pas. 
Les yeux rivés vers là-haut. Ce matin j'ai regardé Laputa, et je me suis demandé beaucoup trop de choses, je me suis posé des questions en silence. Je pense à demain, à ce que je serais capable ou non de faire, je pense que de toute façon je n'aurais pas choix. 
J'ai parlé à des gens sans importance, j'ai évité le regard des autres, de lui, du nôtre. 
Je l'ai laissée là, grisée, ses pieds sur les pavés trempés. Assise sur son banc, avec ses espoirs vains. Je l'ai regardée espérer en silence, en me reprochant sans doute mon égoïsme, ma fatigue de tout, de moi, de vous. 
De vous tous. 
Je ne sais pas ce dont j'ai besoin, j'imagine seulement de quelle façon les choses pourraient s'arranger. Et je suis là, à grelotter patiemment dans mon lit. Je suis là, à battre les records de la solitude. J'attends, je n'sais même pas ce que j'attends, je ne veux pas savoir ce qui m'attend.
Une mauvaise note, une semaine monotone, les mêmes envies inconsidérées, les mêmes films, la même musique, qui tourne en boucle. 
Comme la berceuse qui se met en route chaque soir. La même, tout le temps, toutes les nuits.
Je ne suis pas torturée, j'essaye juste de trouver un équilibre. Non, je mens. L'équilibre je l'ai
déjà, je suis à la recherche du bonheur, mais cette phrase, ces mots qui se pressent les uns aux autres, on s'en fou. On les connais et on en rie, on s'en moque.
Lui ne comprendrai pas, je suis sûre qu'il ne comprendrai rien. Les personnes trop lucides m'agacent. Elles m'oppressent, avec leur logique universelle, leurs dictons vides de sens, leurs encouragements, leurs idées fixes et qui sont aussi douloureuses que l'angle du meuble dans lequel tu te cogne le pied. 
J'espère ne pas me lasser, j'ai peur d'être médiocre. J'ai peur.
Mais non, il ne comprend, ils ne comprennent pas. Il faut arrêter de rêver Zoé, il faut arrêter de croire que tout va se passer comme tu le voudrais, il faut que tu sois réaliste. Il faut que tu arrête d'être ridicule.  Il faut que tu te fixes, que tu parviennes à faire des choix. Il faut que tu arrête de croire au bonheur absolu, il faut que tu te réveilles. Arrête de te mentir, arrête de prendre et de jeter comme bon te semble, sois plus ordonnée. Fais-ci, fais-ça. 
Personne ne viendra te voir en partageant la même vision de l'univers que toi. Non, tu rêves éveillée, parce que quand tu rentrera chez toi, il ne sera plus là à t'attendre, contre le mur, il n'est plus là, il ne reviendra pas tu comprends ?
Passe à autre chose, c'est terminé. Lâche prise, tu coules. 
Tu brises, tu roules.  Arrête d'écouter sans cesse les mêmes chansons, intéresse toi à autre chose, et puis arrête de regarder les autres comme ça. 
Qu'est ce que je fous là ? Que quelqu'un réponde à ma question.
Je ne devrais pas être là, pas avec eux, à attendre que les minutes passent, sans but, sans raison de glander ici. 
Répondez. C'est un ordre. Je ne sais pas où est ma place. Je veux repartir en arrière, tout mettre sur pause. Revenir au temps où tout était simple. Sans persécutions, sans mots vides, faux, laids, durs, crus, brutaux. 
Revenir au temps où personne ne me disait ce que je devais faire, au temps où il n'y avait pas de responsabilités. Pas de soirs où tout va de travers, pas de soirs sans lui.
Mais j'y crois toujours, et j'ai peur de persévérer. 
Ne croyez vous pas que tout le monde à ses raisons ? Que le monde à ses raisons ? De tirer à sa fin, se cramer la couche d'ozone, que les hommes s'engloutissent, qu'ils se fanent avec leurs regrets. 
Et toi, qu'est ce que t'en penses ?
Tu me prends sans doute pour une névrosée qui n'a pas sa place ici. Il y a au moins un point sur lequel on peut se mettre d'accord. Les opinions des autres divergent. Mais ils n'en ont rien à foutre, ils me parlent de leur vie, de leurs amoureux transis, il me parlent de carnage et d'apocalypse. Moi je ne leur parle de rien du tout. Les gens ne s'intéressent qu'à eux, ils veulent être entendus, ils veulent que les autres sachent. Ils veulent faire de l'effet, ils veulent qu'on se souvienne d'eux. Laisser leur marque, en t'abreuvant avec des paroles violentes, des paroles d'une gentillesse qui pue la mort. 
Les gens travaillent à leur propre compte afin d'étendre leurs réseaux. Leurs putains de réseaux.
C'est un coma social, un coma idyllique. 
Et le sommeil, comme chaque soir, depuis le début, jusqu'à la fin, me tire de mes maux. 
Et je lui en suis reconnaissante. 
Avec mes plus sincères amitiés. Très cordialement, la fille du second.

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