Tout est très lent.

Il faut savoir que tout se fait lentement. Qu'il faut apprendre à attendre, à regarder l'ombre s'emparer de la nuque. Qu'il faut détecter toutes nuances de la lumière, et la signification qu'elle donne à la peau, et aux cheveux minuscules qui sont si évidents dans ce cas de figure. Il faut attendre et prendre notre temps. Puisque tout le monde court après et que ça ne réussit à personne. Il faut simplement se dire que la vie dure des années et que nous disposons de toutes les minutes et les heures dont nous avons besoin de vivre pour nous sauver de cette chose monstrueusement drue et dérangeante, qui nous rend creux au plus profond de nous, de la frustration. Il faut y aller avec la musique spatiale et totalement sortie d'une ère inconnue, il faut entrer dans le cosmos, avaler l'univers, s'y plonger, entièrement et sans compromis. Il faut parfois renverser nos têtes lourdes et désaxées. Les laisser aller aux projets entrepris. Il faut se laisser approcher et se détacher entièrement de nos esprits qui hurlent. Il faut ne devenir qu'un être pourvu de sens et de réactions, spontané et livide. Il faut se reposer contre l'autre matière, se balancer lentement. Pointer le doigt du côté septentrional de l'univers. Et imaginer toutes sortes de choses, les laisser germer lentement, de la fiction. Il faut les laisser brûler un peu, avant de les voir partir, s'évaporer dans l'air oppressant et complexe qui nous étouffe. Il faut laisser grincer nos poignets minuscules et écouter doucement le réseau pâle et transparent continuer sa course sinueuse et absurde à travers notre être tout entier.